Le secret d’une bonne troupe, c’est son encadrement. Devant le déficit d’officiers au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce sont les sous-offs qui ont littéralement porté à bout de bras ces huit années de guerre sanglantes en Extrême-Orient. L’Indochine a été le creuset d'où sont sortis de nombreux sous-officiers d’élite, notamment au sein des troupes aéroportées qui ont largement contribué à tisser les fils rouges de la légende, au point de former une « caste », un ordre même, avec ses traditions, ses coutumes et ses valeurs.
Parmi cette « aristocratie des parachutistes » brille le nom de Pierre Flamen. Au cours d'un premier séjour de deux ans et demi au Pays Thaï où, seul européen à la tête d’un commando autochtone, il effectue de nombreuses missions de reconnaissance et d’infiltrations en jungle et en pleine zone Vietminh.
Revenu en second séjour au sein du légendaire 6e Bataillon de Parachutistes Coloniaux du commandant Bigeard. Dans les rangs du « 6 », il participe aux 5 sauts opérationnels du bataillon. Le dernier, le 16 mars 1954 à Dien Bien Phu, à la tête d’une section vietnamienne. Blessé dans les derniers jours de la bataille, fait prisonnier le 7 mai, il s'évade à
4 reprises. Il sera libéré, quasi-mourant, parmi les tout derniers, fin septembre 1954…
Dans ces entretiens Pierre Flamen raconte ce que fut sa guerre nue - selon l’expression de Jean Lartéguy. Si, comme l’écrivait Drieu La Rochelle, ancien combattant de la Grande guerre, « Un chef est une récompense pour des hommes d’audace et de volonté », ceux qui ont servi sous les ordres de Pierre Flamen sont tous unanimes pour dire qu’il fut un grand professionnel au combat, un meneur d’hommes exceptionnel, faisant la guerre avec courage, intelligence et sans haine. Pierre Flamen reste un de nos derniers grand
centurion…
Pierre Flamen est né à Périgueux en 1929. Il sert en Indochine au sein
du 1er Bataillon Thaï (1er séjour) et au 6e BPC (2e séjour), puis en Algérie, au sein du 8e RPC. De 1962 à 1965, il effectue plusieurs séjours outre-mer, notamment au Congo et en République centrafricaine. En 1966 il entre à la DGSE, Service Action, jusqu’à son départ à la retraite en 1993.
Pierre Flamen est Grand officier de la Légion d’honneur, médaillé militaire, titulaire de 11 titres de guerre, dont 5 citations à l’ordre de l’armée, de la médaille des blessés et du Mérite militaire Thaï.
Éric Fornal et Christian Royer, tous deux secrétaires généraux de l'ANAPI, ont recueilli et rédigé les souvenirs de Pierre Flamen. Ils signent ici leur premier ouvrage.