1944, la campagne d’Italie s’achève. Un général passe sur le front des troupes. Son regard se pose sur un jeune gradé déjà décoré, un tirailleur marocain.
— Fin ouah el bled enta ? (d’où es-tu?) demande le général.
— De Mont-de-Marsan dans les Landes, mon Général.
Le général s’éloigne, perplexe. Pourtant, le caporal Bernard Cabiro a dit la vérité. Son teint recuit par le soleil est à l’origine de cette méprise.
En 1945, après la campagne d’Alsace, il conquiert l’épaulette et choisit la Légion étrangère. Un premier séjour en Indochine lui vaut ce surnom qui claque comme un coup de fusil : le « Cab ». Adulé de ses légionnaires, reconnu par ses pairs, fêté par ses chefs, le « Cab » sera l’une des figures les plus marquantes des paras de la Légion, l’artisan de leur légende. Du Cambodge au Tonkin, de Phan Thiet à Dien Bien Phu, partout où se battent les bérets verts, il y aura Cabiro. Jusqu’à l’Algérie où, en 1961, en rejoignant le putsch d’Alger, il sacrifie volontairement une fulgurante carrière.
Né en 1922, Bernard Cabiro est décédé en 1993. Évadé de France occupée, engagé volontaire puis officier, il fut de ceux qui connurent toutes les guerres de la France de la deuxième moitié du XXe siècle. Grand officier de la Légion d’Honneur, titulaire de 18 citations, 5 fois blessé, il a reçu l’honneur suprême pour un légionnaire de « porter la main » au cours de la cérémonie de Camerone (photo). Aujourd’hui encore, pour les jeunes officiers au béret vert, le « Cab » sert d’exemple. Dans ce récit, il retrace « une vie de guerres » en restituant le souvenir de ses hommes et de ses camarades. Cette réédition augmentée, réalisée par son fils Olivier Cabiro, ainsi que l'ajout de documents photographiques inédits et de cartes renseignées, en font une nouveauté à part entière.