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Armé pour la vie

De Chemillé à l'enfer de Dak Doa, Indochine 1953-1954



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André Boissinot, c'est un souffle, une force, davantage encore: une incarnation même de la Volonté.
Ce dynamisme se dégage de son autobiographie, "Armé pour la vie, de Chemillé à l'enfer de Dak Doa" (Editeur Indo-éditions). Dès l'adolescence, avec toute sa famille, André Boissinot n'hésite pas à entrer dans la Résistance contre l'occupant nazi. Après avoir choisi une carrière militaire, il est volontaire pour la Corée et participe aux derniers combats.

Son unité ne tarde pas à rejoindre une Indochine en ébullition. Pour les Français, la guerre contre le Vietminh s'est arrêtée après la défaite de Dien Bien-Phu. L'une des grandes leçons de "Armé pour la vie", c'est de rappeler qu'il n'en fut rien. Les derniers combats sanglants continuèrent pendant trois mois jusqu'au 20 juillet 1954 date du "cessez-le-feu". Les prisonniers de guerre français aux mains du Vientminh ne furent pas tous libérés dans l'immédiat. Ce qu'ils vécurent, dans quelles conditions trop d'entre eux trouvèrent la mort: il faut lire "Armé pour la Vie" pour comprendre l'horreur cachée, l'histoire oubliée des conditions de vie dans les camps de prisonniers du Vietminh.

Avec une plume alerte, André Boissinot raconte sa propre expérience - qui fut malheureusement partagée par ses nombreux camarades d'infortune. Sa capture en février 1954 après la bataille de Dak Doa. Une bataille d'une intensité inouïe. 70 soldats Français retranchés ont tenu tête pendant plus de 10 heures à un ennemi évalué à 10 000 hommes. Un fait d'armes qui donnera son nom à une promotion de la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr/Coëtquidan . Au terme d'une marche harassante de plus 1200 kilomètres il découvrit comme ses camarades, ce qui restera pour certains leur dernière demeure: un camp au milieu de la jungle, avec pour toute nourriture un bol de riz, sans soins, où le taux de mortalité avoisine les 60%, voire 80% comme dans le camp d'André Boissinot, le LA2. Les officiers politiques firent preuve de prodigalité...pour les cours de "rééducation".

A leur retour, André Boissinot raconte une population souvent hostile - nous étions alors en pleine guerre froide et le PCF surpuissant dans la France des années 1950 - qui tournera vite la page d'une guerre "coloniale", menée par des volontaires, trop souvent assimilée dans l'imaginaire collectif au "Vietnam" des Américains.

Grâce à ce témoignage bouleversant, André Boissinot accomplit son ultime devoir envers ses compagnons d'armes, tués au combat ou morts dans ces camps dans des conditions effroyables: rappeler au public une période de l'histoire française qui a été trop souvent occultée.

         



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